Hommage à tous les professionnels du végétal.

La guttation





Il vous est surement déjà arrivé de constater sur les hampes,
boutons floraux, au revers du limbe ou le long des pétioles,
des gouttelettes sucrées ou non sucrées.

Ce phénomène assez courant en horticulture et en particulier
sur les plantes cultivées en serres est nommé guttation.
Avec un peu de poésie nous pourrions dire que la plante
est en pleurs.



Guttation sur feuille de Paphiopedilum.











Guttation sur la hampe de Phalaenopsis.



























Ce phénomène sans gravité aucune,
se fait au niveau des stomates aquifères ;
pores spécialisés exsudant l'eau ( à l'état liquide )
appelé hydathode. 

Les raisons de ce phénomène sont multiples.

Je vais ici vous donner deux exemples courant en approfondissant
chaque phénomène sans pour autant entrer dans trop de détails.


Première cause :

La photosynthèse se dévoile en deux phases,
d'où l'importance de bien respecter la durée de clair/obscur
sous lumière artificielle correspondant au métabolisme de la plante.
- La phase lumineuse,
   ce sont les réactions claires comme la décomposition de l'eau,
   phase photochimique correspondant à la capture de l'energie 
   lumineuse...
- La phase obscure,
   ce sont les réactions sombres qui, à partir de H+ et de CO2,
   aboutissent aux glucides en passant par des composés phosphorés.

Si la plante n'a pas de phase obscure,
elle ne peut assimiler et transformer les décompositions
de la phase lumineuse ce qui provoque un excès de sève brute
d'où guttation au niveau des hydathodes.


Deuxième cause :

La plus fréquente,
cette cause est intimement liée
à l'eau contenue dans le sol ou milieu de culture
et la température environnante a un moment donné. 

L’eau contenue dans le sol,
moins concentrée en sels minéraux que la sève,
pénètre dans la plante par le phénomène d'osmose
( le moins concentré vers le plus ) au niveau des racines.
Cette eau, contenant des sels minéraux dissous,
forme la sève brute.
Elle est ensuite véhiculée depuis les racines vers
les parties supérieures de la plante,
par la pression racinaire*.
En même temps,
cette sève monte vers le haut par la dépression
causée au niveau des feuilles dü à la transpiration ;
les stomates des feuilles étant ouverts pour faire entrer
le dioxyde de carbone nécessaire à la photosynthèse,
laissent par la même sortir l’eau sous forme gazeuse
qui arrive dans les feuilles et qui se transforme en vapeur
sous l’effet de la chaleur du soleil par exemple.
C'est ainsi que le flux d’eau depuis le sol à travers la plante
est continu.
On estime que plus de 90 % de l’eau qui entre par les racines
est éliminée par les feuilles sous forme de vapeur au fur et à mesure,
ceci ;
dans des conditions optimales et normales.

























Nous arrivons maintenant dans un contexte favorisant
la guttation,
autrement dit ;
dans une situation ou les conditions d'environnement,
les paramètres de culture,
ne sont pas en faveur d'un bon métabolisme de la plante
sans pour autant lui porté préjudice.

Si l’eau dans le milieu de culture continue à pénétrer
dans la plante au niveau des racines et à être véhiculée
dans la plante par la pression racinaire* alors qu’il n’y a plus
d’évaporation au niveau des feuilles,
il y a un risque de surpression au sein même de la plante.
Ce risque est par conséquent évité grâce au phénomène
de guttation.
Les hydathodes par lesquels l’eau en excès s’évacue
sous forme liquide,
jouent en quelque sorte le rôle de soupape de sécurité,
d’où la formation de gouttelettes au bord du limbe des feuilles
par exemple.

Cette régulation  ou contrôle de la pression osmotique fait partie
d'un ensemble de mécanismes, l'osmorégulation.

Les conditions qui conduisent à ce phénomène conjuguent
une forte humidité du sol autrement dit,
un potentiel hydrique des racines plus faible que celui du sol
et une absence d’évaporation par les stomates qui restent
fermés en raison de diverses situations :
- Température faible
- Air saturé en humidité ( hygrométrie très importante )
- Période nocturne pour les plantes non C.A.M.





























Ne pas confondre :

La guttation ne doit pas être confondue avec la rosée 

qui elle,
se trouve répartie finement sur toutes les surfaces des plantes.
Ne pas confondre non plus avec le miellat des pucerons,
cochenilles ou acariens qui lui,
forme une fine couche (dépôt) sur la face supérieur du limbe
comme si l'on avais passé la feuille au pinceau avec du sirop.



A savoir :

Pour les plantes aquatiques,
les hydathodes sont des cellules actives qui assurent en permanence
l’évacuation de l’eau nécessaire à sa circulation dans la plante ;
car les plantes dites aquatiques ne sont pas exposées à l’évaporation
de leur eau par les feuilles mais augmente leur pression intérieur
pour parer à la pression extérieure qu'exerce l'eau environnante
sur la plante.

Les gouttelettes sont la sève brute,

par conséquent elles sont chargées de substances absorbées
au niveau des racines.
On y trouve ainsi,
des sucres (comme du glucose, du galactose, du fructose),
des sels minéraux (de calcium, potassium, fer, magnésium…),
des acides aminés.
Si la transpiration ne laisse évacuer que l’eau,
le liquide qui sort par guttation quant à lui ,
est chargé en substances diverses.
Ces sels se déposent aux alentourx des hydathodes pendant la guttation
et y laissent parfois des auréoles blanchâtres.



* La capacité d'absorption d'eau par les racines est plus ou moins
   importante et influencée par les facteurs suivants :
  1. la concentration de la solution en sel du sol,
  2. la teneur du sol en eau,
  3. la température du sol et la température ambiante,
  4. l’aération du sol,
  5. l'hygrométrie ambiante,
  6. L'état métabolique de la plante.








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